Avantage à la filière médecine ?

Dernière mise à jour : 24 novembre 2016

Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) ne reconnaît pas la spécialité en chirurgie orale et, contrairement aux accords préalablement établis avec les odontologistes, semble désormais lui préférer la stomatologie censée pourtant disparaître des spécialités médicales.

Le CNOM se limite à demanderr que, indépendamment du recours formé par lui devant le Conseil d’Etat, une modification des textes pour que soit réaffirmé solennellement que seuls les médecins puissent avoir accès à une qualification chirurgicale en arguant notamment que :

L’ouverture d’un diplôme d’études spécialisées de chirurgie orale à des internes en odontologie à parité avec des internes en médecine constitue une mesure potentiellement dangereuse compte tenu de la flagrante disparité des cursus de formation.

Finalement le CNOM recommande le retrait de la formation chirurgicale aux chirurgiens-dentistes :

En conséquence, le Conseil national de l’Ordre des médecins, chargé par la loi de sa mission de qualité des soins, demande, indépendamment du recours formé par lui devant le Conseil d’Etat, une modification des textes pour que soit réaffirmé solennellement que seuls les médecins puissent avoir accès à une qualification chirurgicale.

Ce type de requête contre les chirurgiens-dentistes n’est malheureusement pas une première, certains aspects historiques développés dans la page traitant de la capacité professionnelle démontrent que ce n’est pas forcément à bon escient.

Position de la Société Française de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-Faciale

Cette société médicale, s’est accaparée implicitement la spécialité puisque qu’elle s’adjoint le libellé "chirurgie orale" à un intitulé déjà long et se nomme dorénavant Société Française de Stomatologie de Chirurgie Maxillo-Faciale et de Chirurgie Orale (SFSCMFCO).

Le site web de la SFSCMFCO présente une sorte de hiérarchisation en poupées russes des pratiques chirurgicales dévolues à la cavité buccale et par extension à la face et au crâne, voici comment cela est présenté :

La chirurgie maxillo-faciale
« Pour tout ce qui se rapporte à la sphère crânio-maxillo-faciale que ce soit fonctionnel ou esthétique. Elle intègre la stomatologie. Cette spécialité nécessite 5 années d’internat de chirurgie incluant une formation en chirurgie générale, plus une année supplémentaire de post-internat en tant que chirurgien « senior ». A l’issue de sa formation le médecin est titulaire d’un Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaire (DESC) de "Chirurgie Maxillo-Faciale et de Stomatologie" et sa compétence en chirurgie esthétique est reconnue par voie de décret. »
La stomatologie
« Qui se rapporte à la sphère oro-faciale (donc le crâne est exclu), réservée au médecins cette spécialité propose une formation spécifique complémentaire dans le domaine de l’odontologie. Pour être diplômé de stomatologie (DES), il faut avoir réalisé un internat en médecine de 4 ans dans des services formateurs. Relativement délaissée par les étudiants ces dernières années au profit de la chirurgie maxillo-faciale, cette filière a été officiellement supprimée en 2011. En échange, un DES de chirurgie orale a été créé. »
La chirurgie orale
« Dont le champ de compétence est exclusivement limité à la cavité buccale et donc nettement réduit par rapport aux médecins stomatologistes. La formation présente par contre une formation de base en odontologie renforcée. »

Bien que du point de vue de la capacité professionnelle du chirurgien-dentiste la restriction au champ de "l’intrabuccal" est contraire à la juridiction actuelle et non fondée en terme de compétence, cette présentation a le mérite d’être claire et n’aborde pas, du moins directement, le sujet de la parité du DESCO entre les médecins et les chirurgiens-dentistes.

Manifestement la chirurgie orale serait réductrice par rapport à la stomatologie, on ne peut donc évoquer "d’échange" à proprement parler, d’une spécialité par l’autre.

La chirurgie maxillo-faciale (CMF) présentée en pièce maîtresse engloberait de sa compétence les deux autres ’sous’ spécialités. Pourtant la carence de culture odontologique des CMF, dénoncée par les intéressés eux même [1], voudrait plutôt que l’on affirme dans ce contexte : « qui peut le plus ne peut pas forcément le moins ».

Une solution pour les médecins

Pour contourner la parité avec les chirurgiens-dentistes et éviter toute confusion avec les DESCO odontologistes l’Ordre des médecins pourrait effectivement mettre en place des commissions de qualification donnant accès au diplôme de stomatologiste. Ceci aurait pour avantage de ne pas avoir à négocier de nouveaux statuts pour l’accès au secteur 2 : les DESCO médecine qualifiés stomatologistes héritant des droits acquis de ces derniers. Ce serait aussi un moyen de contrainte, la qualification en stomatologie constituant un sésame pour le secteur 2.

Les internes médecins actuellement en formation sont donc a priori mieux lotis que leurs collègues odontologistes puisque l’Ordre dispose de tous les éléments pour préparer leur avenir professionnel. Qui plus est, il n’est pas question pour le moment de limiter leur champ d’activité à "l’intrabuccal" ni même à la chirurgie puisque une formation en orthodontie leur est proposée.

Du coup la frontière entre la chirurgie orale et la stomatologie serait balayée par un simple passage en commission. A moins qu’une formation complémentaire soit exigée, il n’y aurait alors aucune différence, autre que statutaire, entre la chirurgie orale et la stomatologie. Reste à savoir si cette requalification sera au goût des DESCO médecine, mais auront-ils le choix ?

Troubles ordinaux

Comme l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes reconnaît la spécialité en chirurgie orale. Il y a, c’est le moins que l’on puisse dire, une certaine disparité d’appréciation du DESCO entre les Ordres.

Cette discorde n’est pas faite pour profiter à la spécialité qui, bien que les deux Ordres affichent des positions radicalement différentes, est etouffée par les deux institutions sensées la défendre :

  • séparation d’avec la filière odontologie par refus d’un diplôme commun pour l’une,
  • conditions d’exercice rendues improbables pour l’autre.

Ce constat est affligeant et la situation de la chirurgie orale aujourd’hui résulte plus d’un équilibre de tensions ordinales que d’une paisible convergence.


[1La chirurgie maxillo-faciale, odontologie et nominations" - Revue de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-faciale 02/2010 ; 111(1):5-6

AMELI répond à nouveau !

Après plus de 12 mois d’interruption le site de l’assurance maladie a réouvert la consultation en ligne des tiers payants pour les praticiens spécialistes inscrits régulièrement à l’ordre.

Cette injustice est enfin réparée même si on peut encore regretter le manque de réactivité des services informatiques de la CPAM.

ameli.fr

Suspension d’utilisation des implants dentaires de la société MEDICAL PRODUCTION

Au cours d’inspections menées en 2015, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en évidence des non conformités réglementaires dans l’activité de la société MEDICAL PRODUCTION relatives à leurs implants dentaires I-CONE et HE.

Pages jaunes : enfin !

Après l’action en justice menée par le Syndicat National des Chirurgiens Oraux, les PagesJaunes ont enfin ouvert une rubrique pour les spécialistes en chirurgie orale.

pagesjaunes.fr